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J’arrête. et c’est une bonne nouvelle

15 Jan 2025

Septembre 2024

La France compte alors 1,1 million de nouvelles entreprises dans l’année – record national, 6 % de plus qu’en 2023.

Moi, je compte mes larmes.

Chaque rentrée, je repartais à 100 km/h ; cette fois, je m’écroule.
Impossible de travailler.
J’angoisse.
Je suis en colère.
Je me sens vide.
Et je n’arrive plus à faire semblant.

Je ne veux plus être graphiste. Marketeuse. Online Business Manager.
Je ne veux plus publier sur LinkedIn.
Je ne veux plus faire semblant.
Je veux disparaître.

J’ai explosé en vol.

Si vous aussi, vous ressentez ça parfois — ce vide — sachez que ce n’est pas une faiblesse. C’est le signe que vous n’êtes plus aligné et que quelque chose de nouveau veut naître.

L’évangile du hustle : autel et sacrifice

10 ans d’entrepreneuriat, + de 100 000 € de chiffre d’affaires annuel, 10 000 € de bénéfices nets en moyenne, 3 semaines de congés par an.

À l’extérieur : succès.
À l’intérieur : 88 % des entrepreneurs déclarent s’être déjà sentis émotionnellement épuisés ; un quart, chaque semaine.

Je suis dans la statistique.

Je brade mes prix, je travaille 80 heures, j’accepte d’être taxée par l’URSSAF, je relance gentiment les impayés, j’en fais toujours plus pour espérer un simple « merci », j’accepte les “briefs d’urgence” du dimanche.

Toujours “pas assez”, jamais “assez bien”.

J’aurais dû être mère, femme.
J’aurais dû avoir des loisirs, profiter de mes enfants, de mon mari, de ma vie.
Mais non.
J’ai littéralement effacé mes autres statuts pour vivre celui de l’entrepreneuse.

Les années passent vite quand on se trahit.


Arrêter de céder et dire non

Un matin, le mot STOP s’impose, en majuscules insolentes.

  • Stop aux clients.
  • Stop à LinkedIn et ses comparaisons.
  • Stop aux substituts d’anxiolytiques socialement acceptés : alcool, sucre, likes, vapote.

Je me retire en moi-même.
Silence.

Et dans ce silence, devinez quoi ? On s’entend enfin respirer.
Ce que j’ai entendu dans le silence, ce n’était pas du vide.
C’était la première note d’une partition que je n’avais jamais pris le temps d’écouter.

  • J’ai médité.
  • J’ai écrit.
  • J’ai pleuré.
  • Mais surtout, j’ai cessé de me fuir.

Je découvre qu’entreprendre était un miroir grossissant : j’y ai vu mes fêlures se multiplier. Mais les éclats de verre servent aussi à réfléchir la lumière.

Si vous vous sentez perdue : ne cherchez pas la solution. Cherchez l’écoute.Le reste suivra.

Le regard des autres : le prix de la bifurcation

Rares sont les personnes qui applaudissent ma “courageuse reconversion”…
Pour la plupart, c’est : « oh ! » puis… silences gênés, sourcils froncés.

Certains vous regardent avec pitié, pensant que vous êtes folle, en burn-out, ou que vous avez planté votre boîte ! (Ah ah ! S’ils connaissaient mon dernier bilan…)

D’autres disent vous soutenir, être votre pote, mais espèrent vous voir changer d’avis. Et à chaque fois que vous évoquez votre nouvelle vie, ils se moquent de vous.

D’autres encore vous questionnent “Tu deviens quoi ?”, puis s’évaporent.
Vous n’êtes plus le miroir qu’ils avaient projeté sur vous .

La plupart ne se souvient déjà plus de votre existence.

Le regard des autres, c’est le mur que beaucoup n’osent pas franchir. On vous aime tant que vous jouez le rôle prévu.Dès que vous bifurquez, vous devenez une menace.Mais la vraie question, c’est :  À quel prix voulez-vous être aimé ?À quel prix voulez-vous rester à votre place ?

Revenir à l’essentiel : présence, transmission, sens

Je renais cellule après cellule.
Et je savoure.

Je lis Ernaux pour la mémoire collective.
Sartre pour la responsabilité.
Bergson pour l’élan vital.
Hugo pour l’immensité.

Je marche, j’écris, je ris aux éclats.
J’apprends à mes enfants que la réussite se mesure en sérénité et en moments de joie, pas en chiffres accumulés sur le compte en banque.

Devenir prof, pour moi, ce n’est pas reculer.
C’est entreprendre autrement : investir dans l’esprit de l’autre, capitaliser en curiosité, et distribuer des dividendes de confiance.

Et oui ! Je sais.
Ce sera difficile ! Surtout en France. Surtout en ce moment.
Et non ! Je ne suis pas sure de mon choix.
« Ce que je sais c’est que je ne sais rien.»

Mais, comme le disait Mandela :

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »

Et j’ai décidé de la prendre en main.


Pour vous qui lisez…

Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, j’ai juste envie de vous partager ceci :

Bifurquer, c’est foutre le bordel mais c’est surtout s’honorer

Mon « STOP » a dérangé tout le monde : clients, partenaires, abonnés, pseudo-amis, prospects, algorithme.

Normal, cela revient à dire :

« Je viens de changer les règles du jeu en plein tour de table. »

Dans L’Être et le Néant, Sartre décrit le garçon de café qui “joue au garçon de café”, incarnant son rôle à la perfection au point d’en devenir caricatural — comme s’il n’était rien d’autre que ça. Un statut figé. Un masque social qui l’empêche d’être libre.

J’ai longtemps été ce rôle.
L’entrepreneuse idéale.
La performeuse parfaite.
La fille qui coche toutes les cases.

Abandonner ce statut, c’est faire trembler le décor.
Mais c’est aussi redevenir actrice de sa propre pièce.
En fait, je récupère mes points de vie.

On peut perdre sa notoriété mais gagner sa peau

J’ai troqué la popularité LinkedIn contre des heures de clarté.
Ma nouvelle bourse s’appelle : vitalité.

Évaluez vos investissements : Qu’est-ce qui vous rapporte une satisfaction immédiate, mais qui vous pénalisera sur le long terme en santé ? Qu’est-ce qui vous rapporte une satisfaction décalée, mais qui vous sera bénéfique sur le long terme ?Si un actif vous siphonne les deux (satisfaction et santé), vendez-le vite.

Créez votre contre-communauté

Les gens qui paniquent quand vous changez ne sont pas méchants.
Ils sont juste des miroirs fissurés.

Entourez-vous de personnes qui trouvent votre « folie » normale : c’est votre comité de soutien. Et si vous ne les trouvez pas, créez votre propre média, newsletters, blog, un podcast, ils finiront par se montrer.


La prochaine fois que la vie vous gifle, souvenez-vous :

  • C’est OK de dire non sans se justifier.
  • C’est OK de quitter la scène et d’écrire la suite dans l’ombre.
  • C’est OK d’arrêter de prouver et de commencer à être.

« Est-ce que je me trahis ou je me construis ? » Si la réponse pique, je vous invite à suivre mon parcours du combattant vers une nouvelle vie.

Conclusion

Bonjour.

Je ne sais pas trop comment vous avez atterri ici.
Peut-être faisiez-vous partie des abonnés d’il y a quelques mois ?
Peut-être un mot-clé, un hasard d’algorithme, une insomnie ?

Peu importe : bienvenue dans la zone de turbulences.

Je n’ai plus envie de faire des storytimes exhibitionnistes, mais j’ai compris qu’on avançait mieux quand on partage l’histoire, même froissée.

Alors oui, vous lirez ici des fragments personnels.
Pas pour nourrir la curiosité.
Mais pour éclairer les bifurcations..

Ici, je parle travail, posture, éducation, silence, fatigue, renaissance…
Tout ce qui gratte sous le vernis.

Si vous cherchez un manuel de réussite, passez votre chemin.
Mais si vous aimez les retours d’expérience francs, parfois bancals, toujours sincères, abonnez-vous.

On avance ensemble.
Parfois dans le brouillard, parfois à découvert.
Mais toujours dans le vrai.